I want to be ... with you ? [Jo' & L]

C’était une des dernières journées ensoleillées de Novembre. Autant en profiter ! Joséphine Desroses, contrairement à ses habitudes solitaires, avait décidé de se rendre en ville pour vivre au mieux son seul jour de congé de la semaine. Après une matinée passée en compagnie des chevaux du Haras, la monitrice se rendit à la cantine où elle déjeuna à une table seule, comme à son habitude depuis le départ de son amie Julie Desprès. Elle sentait le regard du personnel enseignant et même des apprentis cavaliers dardés sur elle, la solitaire et inaccessible jolie brune. Rare étaient les élèves qui osaient parler à celle qu’on pourrait comparer à un mystérieux nuage noir au milieu des autres d’un blanc cotonneux. En même temps, pour quelle raison Jo aurait montré une certaine gaieté, alors totalement injustifiée ?

Elle eut bientôt fini son repas, se leva souplement et traversa le self d’une démarche élégante et cadencée. La monitrice débarrassa rapidement son plateau et sortit au-dehors, se hâtant vers le petit studio dans lequel elle vivait, juste en face des prés. Depuis la fenêtre et lors du coucher du soleil, la vue était magnifique. L’horizon s’étendait au loin, et sa courbe parfaite et orangée était seulement perturbée par les silhouettes noires des équidés broutant encore dans la soirée. Montant dans le petit bâtiment qui abritait tous les studios des employés, Joséphine escalada les escaliers à la hâte et poussa prestement la porte de son petit appartement. La monitrice courut presque jusqu’à son armoire, soudain impatiente de fuir les regards pesants des habitants du Haras. Elle attrapa une tunique noire à imprimés à paillettes blanches et noires représentant une fille pâle et souriante ; enfila ensuite un leggings de la même teinte sombre et des escarpins à talons assortis.

Elle se maquilla légèrement, enfila quelques bijoux et attrapa son sac à mains noir avant de se précipiter dehors. Jo monta dans sa Porsche toujours aussi sombre et démarra aussitôt, fuyant l’académie qui lui semblait si hostile pour la petite ville bondée. La monitrice parcourut les rues au hasard, et finit par s’arrêter sur le parking d’un petit café. Elle descendit de sa voiture, désormais indifférente aux regards posés sur elle. Le soleil réchauffait sa peau pâle et ses rayons jouaient dans la chevelure brune de la demoiselle qui se hâta vers le petit restaurant. Elle se chercha ensuite une place en terrasse si possible à l’ombre mais n’en trouva aucune. C’est alors que ses grands yeux sombres se posèrent sur le vétérinaire du Haras du Clos, James Buckman. Il semblait être le seul du haras à ne pas se faire des idées sur Joséphine et à ne pas la juger sans la connaître. Il occupait une des rares tables libres ombragées, et Jo prit son courage à deux mains pour aller lui parler. Ainsi, avec son accent très British, la brune s’approcha de la table du vétérinaire et lui demanda :

- Bonjour… Excusez-moi… Les peaux blanches comme la mienne comme la mienne n’apprécie pas trop le soleil et il n’y a plus de place libre à l’ombre… Pourrais-je… M’asseoir ici ?! S’il vous plaît ?

Oh mon dieu, cela devait bien être la première fois qu’elle disait autant de mots à la fois. Comme quoi James arrivait vraiment à la révéler. Non, mais il n’était pas comme les autres… Théoriquement, tout du moins. L’Anglaise, ayant ainsi parlé, avait bien entendu hésité, avait soigneusement choisi ses mots et avait semblé mal à l’aise. Mais beaucoup moins que d’habitude. Et pour quelqu’un qui ne parle jamais, elle venait d’accomplir un véritable exploit en s’exprimant autant et aussi facilement.