i hope you feel a need to come back here (ft. joan)

Hier, Bryan était arrivé dans la cité nord-carolinienne à bord du Mungo. L'autobus ruminait comme il pénétrait les autoroutes surpeuplées de carrosseries de la ville. Le jeune homme avait déjà entendu parlé de Greensboro ; l'un de ces vieux potes y avait étudié l'archéologie sous-marine, une discipline spécifique qu'il savait être enseignée dans l'une des universités de la ville. Son ami n'y vivait plus, ayant déménagé ailleurs, quelque part dont le Canadien ne pouvait se rappeler le nom. Le Soleil penchait depuis un bon moment déjà vers son lit derrière un horizon de montagnes orangées. Pour ce qui était de Bryan, pour lui, c'était pourtant comme si le jour venait de se lever.

On l'avait avisé de la soirée qui s'annonçait dans la cité, un espèce de bal en blanc urbain à la grandeur de la ville. Bryan n'était pas du genre à décliner une nuit blanche, bien qu'il s'amusa à l'interprétation littérale qu'en avait fait les gens de Greensboro. Il avait d'abord suivi d'autres aventuriers qu'il avait appris à connaître, mais s'était rapidement et bien malgré lui égaré du groupe, ayant trouvé des individus volages auxquels il s'était plu à tenir compagnie. Ceux-ci lui avaient payé quelques rasades et soudain Bryan était amoureux de tous ces jolis gens. Plus tard, ils s'étaient pointés en groupe dans un appart déjà touffu de fêtards et le Canadien avait profité de ces heures de démence avec une passion qui lui était propre. Il ne se souvenait plus des drogues qu'il avait prises, mais l'image claire des coupes de vins, des flûtes de champagne et des pintes de bières s'entrechoquant sous le plafond embrumé par la fumée des cigarettes et des pétards. Il se souvient aussi de la fille qui avait placé sa main sur sa cuisse et comment il l'avait gentiment dédaigné. Bryan s'était amené un total de sept condoms pour ce voyage et il comptait les utiliser les sept, ni plus, ni moins. Il avait l'intention de sélectionner ces embrassades avec soin, pendant ce périple. Il cherchait quelque chose d'épique, qui l'étonnerait, serait différent de toutes les autres baises qu'il a eues.

Puis, d'une manière ou d'une autre, alors que la Lune dansait quelque part, loin dans le firmament, il était revenu à l'autobus, s'était échoué contre le récif douillet qu'est le matelas de son lit.

Bryan sirote un café tout en se remémorant la veille. Il s'était levé il y a une dizaine de minutes, en retard de quelques heures par rapport à l'aube. Il mâchouille les tranches de pain qu'il vient de ressortir du grille-pain, ces yeux enflammés cachés derrière la fumée s'échappant de la boisson chaude. Il n'est pas un amateur de celle-ci, mais comme il n'est pas amateur amateur non plus de la vision du Soleil avant son zénith, il accueille la vitalité truquée avec plaisir. Plusieurs personnes sont éveillées déjà, s'agitent, s'affairent. Étonnement, il est plutôt tôt, mais les longues nuits n'ont jamais privé Bryan de se lever à temps pour profiter d'une journée complète. Son ami universitaire lui avait maintes fois parlé d'un musée scientifique qu'il fréquentait beaucoup lorsqu'il vivait à Greensboro. Loin d'être un aficionado des sciences, l'idée d'observer de prêt des animaux sauvages et des poissons colorés le tente facilement. Quelqu'un s'approche et s'intéresse aux plans de Bryan. Il révèle tout, un sourire paisible sur les lèvres chaudes et corsées.

« Je passe la journée au Science Center où vivent toutes sortes de bestioles, des fossas, des coatis à nez blanc, des rascasses volantes, des tamarins-lions dorés, et plein d'autres bêtes dont j'avais jamais entendues parler. Dans l'espoir aussi que ça fasse disparaitre ma gueule de bois! »