And suddenly, everything went down. | PV As de Cœur + 2 humains si ils veulent

On dit que les grandes catastrophes commencent toujours par des évènements insignifiants. Sans doute est-ce ce qui s'est passé. Mais peut-on réellement parler de catastrophe ? Plutôt d’accrochage.

Bacardi ne tenait plus en place dans son boxe, fouillant dans sa mangeoire, buvant un peu, grattant le sol, mordillant sa couverture. Il s'ébrouait, ronflait, passait la tête par la porte, puis la rentrait. Bref, il s’embêtait ferme, et personne ne semblait s'en rendre compte. Il n'y avait que le silence des écuries pour répondre à son impatience. D'autres chevaux somnolaient dans la chaleur agréable, mais Bacardi n'avait jamais été de nature patiente, ni discrète.

Peut-être est-ce également par agacement qu'un employé finit par attraper le licol pendu à côté de la porte et par l'ouvrir d'un geste décidé. L'étalon, surpris, releva la tête en soufflant. Le palefrenier ricana puis lui donna une tape rassurante sur l'encolure.

« Allez, fais pas ta fillette ! Un petit tour, ça te dit ? »

S'il n'avait rien compris, le ton de l'humain et le licol de cuir qu'il tenait à la main permet au moins à l'étalon de se douter que quelque chose de positif se préparait. Il se laissa donc passer le licol avec une bonne volonté qui frôlait la soumission, puis suivit gentiment le bipède jusqu'à l'extérieur.
A la décharge de ce dernier, il faisait froid, et il avait une masse de travail impressionnante, vu le nombre de nouveaux chevaux qui arrivaient. Aussi, lorsqu'il ouvrit le portail du deuxième pré, ne vit-il pas l'autre bai, à l'arrière de la pâture. Et même s'il l'avait vu, aurait-il pu se douter qu'il s'agissait d'un entier ? En soi, mettre deux chevaux ensemble n'a rien de bien terrible, et les prés du Haras n'étaient pas exclusifs. Mais mettre Bacardi et As de Cœur, deux entiers au caractère bien trempé, et qui ne se connaissaient pas, ensemble, sans surveillance, n'était peut-être pas l'idée du siècle. Aussi, lorsqu'il referma la barrière et s'éloigna à grand pas dans le froid de février, ce brave employé n'imaginait pas du tout ce qu'il venait de déclencher. Et tandis que le bipède disparaissait dans les écuries, Bacardi s'avançait avec assurance dans cette nouvelle pâture.

Lorsque l'odeur d'un autre entier -Bacardi n'avait pu le sentir auparavant, le vent soufflant de lui vers l'autre bai- vint lui titiller les naseaux, le bai releva brusquement la tête, juste à temps pour voir un autre entier arriver au petit trot, l'air peu amène. Que... Quoi ? Mais c'était quoi, exactement, cette histoire ? Bon, d'accord, cet endroit était nouveau pour lui, mais ce n'était pas cet autre cheval qui allait lui dicter sa conduite.

Le hennissement de son rival inattendu n'eut d'autre effet que de le motiver encore plus à lui donner une leçon. Insoumis et décidé, il y répondit par un hennissement grave et puissant, qui ne laissait clairement aucun doute : l'autre n'aurait pas le dessus de si tôt. Oreilles plaquées contre sa nuque, il fit un écart brusque lorsque l'autre bai se cabra, écart juste assez large pour éviter les sabots ferrés de son adversaire.
Poitrail gonflé, encolure en arc, il ronflait bruyamment. Ah bon, l'autre croyait que cette petite démonstration de force allait lui faire peur ? Grave erreur ! Avancant brusquement vers lui, Bacardi se leva sur ses postérieurs, masse imposante noire et brune dégageant une impression de puissance indéniable. Ses antérieurs battirent l'air quelque instants, avant qu'il ne retombe, ses oreilles toujours plaquées.

Pour l'instant, ils n'en étaient qu'aux démonstrations de puissance, regarde-moi comme je suis fort, rends-toi tant qu'il en est encore temps. Mais tandis que le bai se concentrait sur l'épreuve à venir, son instinct lui soufflait que le combat n'allait pas être si facile, et que la victoire, cette fois n'était pas acquise. Ce jour-là, le pré désert et glacial allait être le théâtre d'une pièce grandiose, dont les acteurs, déjà fumants de vapeur d'eau dans l'air froid, se mesuraient du regard avec hargne.

Le problème avec les entiers, c'est qu'une fois qu'ils sont partis dans leur délire c'est moi le plus fort, il devient difficile, voire périlleux, de les arrêter.

Lorsque l'Holstein se mit à lui tourner autour, dents découvertes, Bacardi ne commit pas l'erreur fatidique de tourner le dos à l'adversaire. Il suivit le mouvement, laissant l'autre s'époumoner. Malgré le caractère agressif et sauvage d'un combat d'étalon, il s'agissait bien d'une joute, où chacun avait au moins la politesse de laisser parler l'autre. Le problème ici, c'est qu'ils étaient à forces égales, et qu'aucun des deux n'entendait plier. Le jeune défendait son pré, et Bacardi essayait de le gagner. Il avait conscience d'être l'intrus, mais il n'en avait que faire.

Lorsque l'autre s'immobilisa enfin et que son antérieur gauche se leva brutalement, effleurant de le pointe du sabot le poitrail tendu de Bacardi, celui-ci répondit de même. On aurait dit un duel d'escrimeur. Les antérieurs s'entrechoquèrent, et on aurait dit des taureaux prêts à charger, leurs souffles courts et brulants leur sortant des naseaux par intermittence et formant deux cheminées de brume.
Du pré d'à côté, un hongre releva la tête en mâchouillant pour observer la scène avec, il faut le dire, un certain scepticisme.
Bacardi rompit le duel d'antérieur en tapant celui-ci contre le sol. Ronflant brusquement, les nerfs à fleur de peau, il fit un pas vers l'autre, la tête levée. Ses antérieurs se soulevèrent légèrement du sol avant de retomber violemment deux secondes plus tard, le plaçant juste en face de l'autre. De loin, on aurait pu dire qu'ils faisaient la paix, si proche l'un de l'autre. Mais c'était maintenant que tout se décidait. Si l'un des deux ployait et s'avouait vaincu, tout s'arrêterait là. Chacun retournerait brouter dans son coin, et peut-être même en viendraient-ils, avec le temps, à jouer ensemble.

Mais si aucun des deux ne rendait les armes... Alors, coups de dents et de pieds allaient se mettre à pleuvoir, transformant la simple joute en lutte acharnée.

Bacardi réagit deux secondes trop tard. Etait-ce lui qui était lent, ou simplement As qui était incroyablement vif ? Toujours est-il que le Hollandais se retrouva dans une posture plutôt délicate. Aussitôt, il se leva à moitié, et, d'une torsion de l'encolure, se défit de la prise de son adversaire. 

Se déportant sur le côté, il fonça dents découvertes sur le flanc gauche de l'autre bai. Il savait que ce dernier était plus vif -les mois de convalescence avaient un peu engourdi Bacardi- mais il se rendait compte qu'il avait pour lui l'expérience. Il avait déjà maté d'autres chevaux, étant d'un caractère naturellement dominant. Il avait aussi eu la chance de grandir dans un milieu relativement « naturel », son éleveur étant partisan de laisser les jeunes chevaux s'éduquer entre eux et apprendre de leurs aînés. Les bagarres d'étalons en pleine puberté lui étaient donc familière, mais il se rendait compte que des mois dans un box avec un plâtre à l'antérieur l'avaient empâté.

La bataille était simple : si l'autre tombait à genoux, c'était une bonne part de la victoire déjà acquise. Ou alors, la collision frontale, debout l'un contre l'autre, s'escrimant à se mordre, mais les couvertures les entravaient tous les deux.

Ayant fait son petit effet sur le flanc de l'autre, Bacardi se retira immédiatement pour faire volte-face, pour tenter de saisir à pleines dents l'encolure de son adversaire juste au-dessus du garrot.

Bacardi eut juste le temps de se mettre de côté et évita qu'un des postérieurs de l'autre ne lui arrive en pleine tête. Mais l'autre postérieur vint frapper dans son encolure, le fer du sabot lui entaillant la peau. Mais il en fallait plus pour abattre le Hollandais gonflé à bloc. Le plus jeune s'éloigna au petit galop, puis fonça de nouveau, toutes dents dehors, visant la nuque.

Bacardi se dressa sur ses postérieurs, dominant l'espace d'un instant son adversaire de toute sa hauteur. L'autre ne tarda pas à suivre le mouvement, et commença alors une danse étrange. Prenant appui l'un sur l'autre, juste quelques dizaines de secondes, les deux entiers restèrent là, dressés, l'un contre l'autre, ronflant comme des locomotives. Quelques coups de dents se perdirent avant qu'ils ne retombent en parfaite synchronisation.

C'est là que les choses se compliquèrent. En retombant l'un contre l'autre, les boucles de leurs couverture se retrouvèrent coincées ensemble, soudant les deux étalons dans un scène improbable. Dérouté par cette situation et énervé, Bacardi se jeta violemment en arrière. Les boucles s'arrachèrent mutuellement, et avec son mouvement de retrait sur le côté, la couverture glissa sur le côté, empirant encore la gêne qu'elle provoquait.

Énervé par ce tissu superflu qui était en train de lui glisser le long des postérieurs, Bacardi partit dans une série de ruades pour tenter de s'en débarrasser. Le problème, c'est qu'il avait maintenant deux problèmes à régler : ce truc qui l'entravait, et le Holstein qui n'allait pas manquer d'en profiter.

(je me suis permis un petit écart, normalement on ne peut pas jouer l'autre, m'enfin là, je voyais pas trop comment le formuler d'autre ;-) Si ça va pas je changer hein ^^)

• Jupiter n'entendit pas le réveil, ce matin-là. Ce qui la réveilla fut le vrombissement d'une voiture qui quittait le parking du Haras à vive allure ; il était déjà huit heures ! Une vague de panique s'empara d'elle, qui avait en horreur d'être prise comme une flemmarde qui se levait tard en semaine. Elle poussa un soupir et se leva. Elle resta assise un moment sur le bord de son lit, à regarder au-dehors les chevaux qui paissaient dans les prés du Haras. De son studio, elle pouvait voir Lïcaen Music, dont la robe alezane se détachait sur le bleu presque parfait de l'horizon. Sélectionnant rapidement quelques vêtements chauds, elle s'habilla et se coiffa en moins de temps qu'il n'en faudrait pour le dire. La jeune femme prit un déjeuner rapide puis sortit aider les palefreniers à finir les dernières tâches de la matinée. Avec son énergie, elle eut fini en un rien de temps ! Après avoir balayé les allées et refait quelques boxes, elle s'attela au graissage de quelques selles et filets qu'elle avait sous la main, mais s'ennuya rapidement. Elle finit tout de même sa tâche et décida de sortir, mais un palefrenier l'interpella ; il fallait sortir Ravageur au pré. La tâche n'allait pas être aisée, mais le défi ravit Jupiter qui se dirigea vers la stalle de l'étalon qui lui était attribué. Il l'accueillit avec un déplaisir évident, mais cela ne la fit pas reculer : elle entra dans le box sans crainte, munie d'un superbe licol en cuir souple sur lequel était gravé le nom de l'étalon. Elle lui passa rapidement puis sortit du box, le bai sur ses talons. Elle ouvrit la barrière d'un paddock et le lâcha, puis s'apprêta à rentrer.

• Un bruit étrange attira son attention. Comme des chocs à répétition, ainsi que des hennissements de rage. Ils provenaient d'un paddock, non loin, qui n'était pas visible depuis la cour car il était caché par un espèce de monticule de terre et d'herbe. Elle s'y précipita en courant et découvrit un étrange spectacle. Il y avait deux chevaux face à face. Elle les reconnut aussitôt : As de Coeur, le cheval de Serge, et Bacardi Razz, un nouveau au Haras. Deux entiers, dans le même pré ? Une grande inquiétude l'envahit. Elle balaya l'enclos du regard : pas la moindre planche cassée, et les barrières étaient trop hautes pour qu'ils aient sauté par-dessus. C'était probablement quelqu'un qui les avait lâchés au même endroit. Mais que faire ? S'interposer entre eux aurait probablement été fatal pour la jeune femme : même si elle avait de la force et de la détermination, il en faudrait plus pour désamorcer le conflit. C'est alors que les boucles des couvertures des entiers se prirent l'une dans l'autre. Massacre ! Jupiter retint un cri d'effroi et se dirigea au pas de course vers l'entrée du pré. Au diable les plans, elle improviserait ! Entrant dans le pré en prenant soin de refermer la porte derrière elle, elle profita de la course-poursuite pour s'avancer jusqu'au milieu du pré. Tout à leur bataille, il ne semblaient pas l'avoir remarquée. Soudain, Bacardi se détacha de son adversaire en partant dans une série de ruades, frôlant presque la jeune femme, qui ne s'écarta pas. As se rua sur son rival et Jupiter tenta une première intervention (suffirait-elle ?) ; elle s'écria d'une voix la plus sévère et assurée possible, en s'avançant vers eux :

Il faut admettre ce qui est : il y eut un bref moment, juste le temps de quelques foulées, où la panique submergea Bacardi, jusqu'à prendre le dessus sur sa hargne et son envie de vaincre.

Contrairement à ce que croyait la jeune femme, Bacardi l'avait parfaitement remarquée, et avait du se lancer sur la gauche pour l'éviter, rompant ainsi son équilibre déjà précaire. Ajouter à cela que, comme il l'avait prévu, As de Coeur profita de sa faiblesse pour le harceler, et Bacardi se retrouva dépassé par les évènements. La peur s'infiltra en lui, accéléré encore son souffle et amplifia sa foulée. Pendant une minute, le Hollandais se mit à fuir.

Fort heureusement, la barrière l'arrêta. Enfin, l'arrêta... Il allait trop vite et la vit trop tard, et comme As le poussait sur son flanc gauche, il la heurta de plein fouet. Entraîné par son élan, il racla les planches sur plusieurs mètres, ignorant la douleur que cela déclenchait sur son flanc droit. Cette souffrance ne fut pas vaine : après quelques mètres, la couverture s’accrocha à la barrière, il y eut un claquement sec, une douleur déchirante au niveau du ventre, puis plus rien.

Sa course n'était plus entravée par la couverture, qui flottait maintenant comme un drapeau, arrimée à la barrière. Bacardi freina des quatre fers et lança une ruade, espérant que ses postérieurs atteindraient son adversaire qui lui collait au train. Car oui, il pouvait à nouveau parler d'adversaire : la balle avait changé de camp. Débarrassé de cette protection contre le froid, Bacardi était maintenant totalement libre de ses mouvements. As allait payer. Ah ! Il avait voulu profiter ! Ah, il voulait jouer au chef ! Eh bien, il allait danser.

Le bai se leva sur ses postérieurs, cette fois de toute sa hauteur, libre de toute gêne matérielle. Ses antérieurs battirent l'air un moment, puis il retomba violemment sur le sol, avant de se jeter droit sur son adversaire. Il fonçait, toutes dents dehors, lorsqu'il entendit le cri de l'humaine. Un instant, il hésita. Sa foulée se ralentit.

Il se retrouvait face à un choix : l'instinct lui hurlait de dérouiller l'autre étalon une bonne fois pour toute, mais son éducation de cheval domestique lui ordonnait de s'arrêter. Qu'est-ce qui le décida ? Peut-être l'adrénaline qui lui coulait dans les veines depuis le début de la rixe. Mais toujours est-il qu'il allongea à nouveau sa foulée et fonça sur le Holstein, lui saisissant la base de l'encolure avec une force toute nouvelle. Maintenant qu'il l'avait, il ne le lâcherait plus.

La journée commençait plutôt bien. Le garçon s'était levé très tôt et avait fait un jogging en forêt, malgré la neige tombé la veille et la glace qui recouvrait par plaque certains endroits. Il était rentré au Haras et avait filé jusqu'à son studio pour prendre une douche et se changer. Un pull, jean et une veste en cuir plus tard, il était dans la cuisine du domaine, penché sur la cafetière qui refusait obstinément de faire coulé son café. Le jeune homme pesta tout ce qu'il pu et fini par obtenir une tasse d'un liquide noir et fumant. Un peu trop noir peut-être même, mais peu lui importait. Il était de ceux qui aimait le café fort. Il s'assit à la grande table de chêne brute au centre de la pièce et sortit un carnet de sa poche. Un récapitulatif de ses cours du jour. Un seul, le matin même. Il avait prévu du dressage classique car il ne connaissait pas encore le réel niveau de ses élèves du jour et voulait d'abord voir de quoi ils étaient capables avant d'entamer quoi que se soit de plus complexe. Il termina sa tasse d'un trait et abandonna cette dernière dans le grand lave-vaisselle avant de sortir dans la cours. Avant d'entamer quoi que se soit, il devait passer voir sa jument, Lïcaen Music. L'alezane avait un caractère bien trempé mais au fil du temps, il commençait à s'y habituer et à vraiment comprendre la jument, ce qui n'était pas toujours facile.

Il entra dans l'écurie chaude et se dirigea vers le grand box de la demoiselle. Elle avait terminé sa ration et attendait sagement dans son box.

Maxime ▬ Bonjour Lïcaen. Ca te dirait de sortir au pré ce matin ? Promis cet après midi je te fait bougé un peu plus que ça...

Il ouvrit la porte du box et flatta l'encolure de la jument qui s'approchait avec une certaine méfiance. Méfiance qui ne l'avait que peu quitté depuis leur rencontre. Le jeune homme espérait qu'avec le temps elle disparaîtrait pour laisser place à une véritable confiance. Il passa un licol à la jument et la fit sortir de son box. Il l'attacha large à un anneau d'attache non loin et prit une brosse. Il dépoussiéra ses quatre jambes et posa des protections. Les sols des prés étaient durs et il voulait pas que la jument se blesse. Il détacha ensuite la jument et se dirigea vers un pré. Les paddocks voisins étaient encore vide, témoins de l'heure encore matinale. Il lâcha la jument dans son pré, prit bien soin de refermer la porte et se dirigea vers la carrière de dressage. Son cours n'allait pas tarder à commencer.

Il revint au pré plus tard dans la matinée pour venir chercher son alezane. En arrivant à la hauteur de son pré, un mauvais pressentiment s'empara de lui. La jument n'était pas tranquille, regardant avec méfiance vers un pré voisin, caché des autres par un haut talus, mais qui avait un visu depuis celui de Lïcaen. Maxime entra dans le pré et referma la porte derrière lui, sa longe à la main. Des bruits de coups et des hennissements rageurs venaient d'à côté et lui parvenait un peu. Quelques pas de plus et il pu constater l’ampleur des dégâts. Deux entiers étaient dans le pré voisin et se battaient, une jeune femme au centre du pré, complètement impuissante. L'effroi pétrifia l'ex-cascadeur durant quelques secondes. Séparer deux entiers était une chose bien difficile, un expérience qu'il avait déjà connu et qui l'avait laissé sur le carreau durant une dizaine de jour. Ne restait plus qu'à ne pas refaire les même erreurs que la dernière fois. Plus difficile à dire qu'à faire car les deux bêtes étaient complètement imprévisibles et bien plus fortes que lui. La jeune femme dans le pré ne cessait de leur crier de cesser mais les étalons ne l'écoutaient guère, trop concentré l'un sur l'autre pour penser à obéir aux ordres d'un cavalier. Le jeune homme passa entre les barrière et se dirigea à petite foulées vers la jeune femme. Il ne reconnu pas la demoiselle mais reconnu les deux étalons. As de Coeur et Bacardi Razz. Deux fortes têtes. Se préparant mentalement autant que physiquement, il arriva à la hauteur de la jeune femme au moment où la couverture de Bacardi s'arrachait dans un crissement de tissu. Les deux étalons en vinrent aux choses sérieuses, ne cessant d'être l'un sur l'autre. Les deux équidés n'avaient pas l'air de vouloir lâcher quoi que se soit, au grand désespoir de Maxime. Pour l'instant, ils n'avaient pas l'air trop en mauvais état, bien que quelques filets de sang maculaient leurs robes brunes. Il se tourna vers la jeune femme, réfléchissant à ce qu'ils pouvaient faire dans l'immédiat.

Maxime ▬ Ils n'ont pas l'air de vouloir coopérer à vos appels, il va falloir tenter d'intervenir physiquement. C'est très dangereux, méfiez vous des coups, ils ne feront pas la différence dans l'action entre la chair de l'autre et la vôtre ! Vous avez une longe ?

Le jeune homme regarda de nouveau les deux entiers qui ne se lâchaient pas. Ils avaient encore leur licol bien que ceux-ci en ai prit un coup avec la bataille. L'idée était de passer les longes aux licols. Pas facile... En théorie, le garçon voulait grimper sur le dos d'un des entiers et clipser la longe. En théorie. La pratique serait certainement tout autre. Son expérience dans le cinéma, les compétences qu'il en avait tiré, serait sans aucun doute ce qui lui garantirait de garder la vie sauve. Même s'il ne doutait pas de récolté au moins une morsure ou un coup de sabot... Les risques du métier ? Cela même...

[Dites-moi si quelque chose ne va pas dans mon rp =) On essaie de faire une réponse chacun ? A peu près dans l'ordre après c'est pas grave si ça suit pas trop =)]

Pour être honnête, Bacardi était à bout. A bout de souffle, ses muscles tiraient atrocement, et ses blessures commencaient à piquer. Mais il ne lâcherait pas. Il refusait de laisser tomber, alors qu'il voyait bien que l'autre était aussi fatigué que lui. Il irait jusqu'au bout, quoi que cela puisse lui en coûter. Il ne vit même pas l'homme arriver, trop concentré sur son adversaire, qui lui mordait atrocement la gorge.Lorsque As lui entoura le poitrail de ses antérieurs, Bacardi se leva brutalement, ses antérieurs tapant violemment sur le poitrail de son rival. Il resta un moment en l'air avant de retomber, haletant, le souffle rauque.

Il fit brusquement volte-face et rua violemment pour prévenir toute attaque, avant de s'éloigner un peu de son adversaire pour mieux le charger à nouveau, le percutant de plein fouet et tenter de le faire vaciller. Ils étaient maintenant l'un contre l'autre, dans des sens opposés. Bacardi baissa la tête et lui mordit la croupe. Il état à bout, et il tentait tout ce qu'il pouvait. Il s'éloigna de nouveau avant de revenir face à As, et de se dresser droit sur ses postérieurs. Il était à bout, et c'était quitte ou double.

Ce fut quitte. Qu'est-ce qui fit que son équilibre le trahit ? L'épuisement ? Peut-être. Toujours est-il qu'il se sentit brusquement partir en arrière, et qu'il s'abattit sur le sol de tout son poids, à quelques mètres à peine des deux humains. Alors que, telle une tortue sur son dos, il roulait sur son flanc, un peu sonné, une évidence s'imposa à lui. Il était au sol, couché en vache, un antérieur plié devant lui, en position de faiblesse, son dos exposé. Pas As. Il n'était pas seulement le vaincu...

Il était perdu.

Le combat faisait rage entre les deux étalons qui ne cessait de fondre l'un sur l'autre. Les coups de dents et coups de sabots partaient allègrement. La jeune femme qui était avec lui avait deux longes, une bonne chose. Il ne leur restait plus qu'à tenter quelque chose. Il faudrait peut-être que la jeune femme face diversion et l'infime instant de déconcentration des deux étalon lui permettrait de grimper sur le dos du plus proche. Il l'avait fait des dizaines de fois. Agripper la crinière, prendre appui sur son pied gauche et se hisser sur le dos de l'équidé. La cascade de base des films contenant des indiens... Mais c'était une chose de le faire avec un cheval préparé à cela, qui sait exactement ce qui va se passer, et un cheval en plein combat complètement novice. Il serait surprit, se cabrerait sans doute, il lui faudrait ne pas tomber, lutter contre l'étalon qui tenterait de se débarrasser de ce poids contraignant et supplémentaire. Comme s'il n'en avait pas assez de son concurrent.

Tout un schéma se faisait dans l'esprit de Maxime. En une poignée de seconde, il avait visualisé ce qu'il devait faire et l'expliquait à Jupiter pour qu'elle soit utile à sa tentative mais aussi hors de danger. Mais avant qu'il ne puisse faire quelque chose, l'issue du combat se profila d'elle-même devant leurs yeux. Bacardi Razz bascula en arrière et tomba lourdement sur le dos. Maxime en resta interdit durant une poignée de seconde, laissant ainsi à As de Coeur le loisir de confirmer sa suprématie -peut-être passagère- en se cabrant devant le vaincu du jour. Il détala ensuite alors que le jeune homme se précipitait sur l'étalon au sol. Il respirait fort et mal. Manifestement, il ne pouvait plus bouger pour l'instant. Le jeune homme se tourna vers la blondinette à ses côtés.

Maxime ▬ Je vais chercher sa couverture faute de mieux pour l'instant. As ne s'approchera plus. Tu veux bien rester auprès de lui ?

Le garçon passa une main sur la joue du brun, lui murmurant un "chuuut" qui se voulait rassurant et se releva. Il partit chercher la couverture éventrée de l'étalon, toujours amarrée à la barrière du pré et revint le couvrir. Avec le froid qu'il faisait et tout ce qu'il avait transpirer, il ne faisait aucun doute qu'il attraperait froid. Il leur faudrait prévenir le vétérinaire rapidement.

Maxime ▬ Je te propose d'attendre un peu et après on verra s'il peut se relever. Il faut l'emmener direct chez le vétérinaire... S'il se relève pas, j'irai chercher une remorque...

Il resta pensif un moment. Quel idiot avait bien pu mettre les deux entiers dans le même pré ? Un gars pressé sans doute. Le talus cachant une partie du pré, As avait du passer inaperçu, caché derrière. Il s'assit en tailleur à côté de la tête de l'étalon et lui caressa la joue. Il fallait qu'il souffle un peu avant de tenter de se relever. As, à l'autre bout du pré, les observait toujours. Désormais plus calme. Il ne se laisserait pas attraper facilement... Mais cela, se serait une autre histoire, pour le moment, il ne s'approcherait plus, craignant les représailles. Le jeune homme soupira et releva la tête vers la demoiselle.

Maxime ▬ C'est courageux d'être venu dans le pré pour les séparer. (il laisse un petit temps de silence) Moi c'est Maxime. Mais tu peux m'appeler Max. (sourire) Et toi ?

• Le combat faisait rage. Les deux entiers échangeaient des coups toujours plus forts, déterminés l'un et l'autre à remporter la bataille. Haletants, aucun de lâchait prise, même si Bacardi semblait exténué et montrait quelques signes de faiblesse, son endurance semblant le trahir. Ensuite, il reprit un peu le dessus sur As, qui le reprit à nouveau à son tour .. le duel était serré. Ils ne se souciaient plus des deux humains au centre du pré, galopant l'un après l'autre, le souffle court, sûrement à bout de forces l'un comme l'autre, mais aucun ne voulant s'avouer vaincu. Jupiter lança un coup d'oeil du côté de Maxime, qui semblait échafauder des plans. La jeune femme avait souvent regardé des films où les cascadeurs faisaient des choses impossibles comme bondir sur la croupe d'un cheval et le lancer au galop dans la foulée, ou se tirer de situations paraissant impossibles. Mais ça, c'était préparé, c'était dans les films .. que pourrait-il faire, en l'état présent, pour séparer les deux entiers ? L'espace d'un instant, Jupiter crut entrevoir l'idée qu'il avait en tête, mais secoua la tête : plutôt raisonnée, elle n'avait pas vraiment le goût du risque, et le fait d'intervenir directement lui paraissait plutôt fou, même si elle n'en toucha pas mot, se contentant d'imaginer des issues plus raisonnables, plus possibles, pour la fin du combat entre As de Coeur et Bacardi. Ils ne semblaient pas sérieusement blessés mais tous deux à bout de forces. Mais jamais personne n'aurait imaginé le brusque renversement de situation qui allait se produire par la suite ..

• Bacardi bascula soudain en arrière, déséquilibré par la force de l'assaut de l'entier de Serge. Jupiter retint son souffle, craignant pour l'étalon. Comment allait réagir As de Coeur ? D'un mouvement agressif, il se cabra et retomba simplement à côté de son adversaire, lui lançant un regard d'avertissement avant de détaler à l'autre bout du pré. Sans même se consulter, Maxime et Jupiter se précipitèrent vers l'entier, qui avait l'air sorti plutôt mal en point de sa chute. L'air un peu sonné, il transpirait de tout son corps et respirait plutôt mal, couché en vache. Jupiter se contenta de hocher la tête aux paroles de Maxime et resta aux côtés de Bacardi, qui tremblait à présent sous l'assaut de la brise fraîche. Elle lui gratta doucement le front et lui murmura quelques paroles apaisantes, puis attrapa un pan de la couverture et aida Maxime à la fixer sur le dos de l'entier.

" Proposition approuvée .. tout de façons, je ne vois pas ce que l'on pourrait faire d'autre ; il a pas l'air bien en forme, le type. "

• Elle observa Maxime, qui s'était assis en tailleur à côté de la tête du bai et qui lui caressait la joue. Suivant son regard, elle aperçut As de Coeur, et soupira. Sa couverture avait glissé et était déchiré : lui aussi transpirait abondamment. Mais l'attraper ne serait pas chose facile ; craignant sûrement les représailles des humains, il ne serait pas disposé à se laisser approcher par l'un d'entre eux de sitôt. Jupiter reporta son regard sur Bacardi, avant d'être tirée de ses pensées par les paroles du cavalier.

" Disons que tu as été plus utile que moi, on dirait, sourit-elle.
Enchantée, Max. Je suis Jupiter, élève au Haras depuis peu. "

A l'énergie sauvage du combat succéda la violence du contre-coup. Bacardi tenta bien de se relever, parce que c'est ce que son instinct le plus primitif lui dictait, mais ses jambes tremblaient, et ses muscles semblaient complètement incapables de se contracter. Il y avait juste ses naseaux, dilatés à l'extrême, et ses flancs, qui se soulevaient à une allure infernale. Le souffle court et rauque, l'étalon se sentit soudain effroyablement vide.

Oui, As de Coeur avait vaincu. Oui, dorénavant, As de Coeur serait celui qui passerait d'abord. Bacardi devrait céder la place. Mais étonnement, il se sentait un peu soulagé. C'était fini.

Le vent froid de cette journée de février le saisit pas surprise, profitant qu'il suait généreusement pour le faire frissonner. Il sentit un bout de tissu contre son dos et une main sur sa joue, et sursauta légèrement. Mais ce n'était qu'un humain. Une main chaude et rassurante. C'était fini.

Il se passa plusieurs minutes, voire plus, avant que Bacardi ne retrouve son souffle et les tremblement de ses jambes ne s'apaisent complètement. A présent, c'était le froid qui le mordait vivement, et ses blessures, bien que légères, qui se mettaient à piquer un rien. Bacardi ronfla doucement. Il y a un moment où un cheval doit se résoudre à sauter l'obstacle. Il redressa la tête, se plaçant correctement, et évitant du mieux qu'il put l'humain à côté de lui, il se releva d'un poussée des postérieurs. Ses antérieurs tremblèrent, mais il ne vacilla pas. Il était debout, dominant à nouveau la terre de son mètre soixante-sept.

L'état des lieux n'était pas particulièrement encourageant : il était loin d'être propre, et avait des entailles bénignes à beaucoup d'endroit. Une, plus importante, saignant encore, à l'épaule, semblait assez profonde. Sans doute une trace d'un fer de l'Holstein. Une chose était sûre : jusqu'à nouvel ordre, Bacardi éviterait l'autre bai. Il remettrait peut-être un jour sa supériorité en doute, mais chaque chose en son temps.

Il ronfla doucement, le souffle plus régulier. Si il lui semblait que tous ses muscles tiraient douloureusement, il avait néanmoins récupéré un peu, et était plus calme. Le bai tendit l'encolure et souffla doucement sur la main de l'humain qui l'avait aidé, comme un remerciement. Qui a dit que hommes et chevaux étaient incapables de se comprendre ?

Jupiter ▬ Proposition approuvée .. tout de façons, je ne vois pas ce que l'on pourrait faire d'autre ; il a pas l'air bien en forme, le type.
Maxime ▬ Et c'est peu dire !

Le garçon se hâta d'aller chercher la couverture pour la mettre sur le dos du cheval avec l'aide de la jeune femme. L'étalon tenta de se relever plusieurs fois mais il n'en eut pas la force. Les "chuut" et les caresses des cavaliers finirent de l'en dissuader complètement.

Maxime ▬ C'est courageux d'être venu dans le pré pour les séparer. (il laisse un petit temps de silence) Moi c'est Maxime. Mais tu peux m'appeler Max. (sourire) Et toi ?
Jupiter ▬ Disons que tu as été plus utile que moi, on dirait. Enchantée, Max. Je suis Jupiter, élève au Haras depuis peu.
Maxime ▬ Ca c'est encore à prouver ! Je suis juste arrivé à la fin du combat... Elève ? Il y a des chances pour que je te retrouve en cours alors ! Je suis prof de dressage. Il ne faut pas hésiter à venir s'inscrire d'ailleurs ! Je n'ai encore mangé personne !

Il sourit à la demoiselle tout en s'écartant un peu de l'étalon qui tentait de nouveau de se hisser sur ses pieds. Cette fois, il réussit son coup et malgré quelques hésitations, il parvint à se mettre d'aplomb sur ses quatre jambes. Le jeune homme attrapa doucement la longe et lui caressa l'encolure, examinant rapidement les plaies et coups qui parsemaient sa robe. La plupart n'étaient pas très profonde, mais il fallait quand même les nettoyer pour ne pas qu'elles s'infectent. De plus, l'étalon n'avait cesser de trembler durant de longues minutes et était trempé de sueur. Le brun craignait qu'il ne tombe malade avec le froid environnant.

Maxime ▬ Lààà mon grand... On va juste faire quelques pas pour voir...

Il caressa de nouveau l'encolure du brun et lui demanda quelques pas pour voir dans quel état il se trouvait. Il n'était pas en très bon état c'était certain, mais il s'en sortait bien quand même. Il se tourna de nouveau vers la demoiselle après avoir jeté un oeil à As de Coeur, toujours au fond du pré.

Maxime ▬ Bon, il faut l'emmener chez le vétérinaire mais il va falloir aussi embarqué As de Coeur. Lui aussi doit avoir quelques blessures qu'il faut soigner. On emmène Bacardi et on revient chercher As ? On ne sera pas trop de deux pour l'attraper !

Le jeune homme passa encore une main sur l'encolure du grand brun, faisant attention à ne pas passer les doigts sur une blessures. L'étalon devait sans doute avoir mal partout et ce n'était pas la peine d'en ajouter...

[Du coup, on prévoit de faire deux sujets différent suite à celui là ? Un avec Bacardi, Jupiter, le véto et Max et un avec As, Jupiter, le véto et Max ? En gardant celui-ci d'ouvert pour rattraper As ? C'est comme vous le sentez ! =)]