the ouija experiment

Date d'inscription : 12/06/2017

22 avril, à la nuit tombée

c'est le moment que t'as attendu toute la journée, comme un gamin. t'as disposé avec le plus grand des soins la planche au centre de la table, veillé à bien éteindre toutes les lumières. c'est l'impatience qui anime tes doigts blessés, qui t'empêche réfléchir. si tes démons sont de sortie ce soir marek, c'est que tu les auras appelés. le mungo est étrangement calme ce soir et dans ta tête c'est toujours la tornade. tu te souviens de cette nuit d'été. dans le jardin avec tes cousins, de cette ouija improvisée, brouillonne, de toi qui faisait exprès bouger le verre, de ta sœur qui s'est mise à pleurer, du verre qui se brise, de tes cousins qui partent en hurlant, de ta mère qui vient te sermonner. Dieu ne te pardonnera pas qu'elle t'as dit. t'es rentré dans ta chambre et tu t'es mis à prier. tu voulais qu'il te pardonne toi et ta tête de gamin espiègle. qu'il sauve ton âme que t'imaginais déjà perdue sans savoir que c'est ta sœur qui allait te la voler quelques années plus tard. tu lèves les yeux, regarde tes camarades de jeu tout en allumant les bougies que tu venais d'acheter. « vous devriez peut-être vous couvrir, la pièce a toujours tendance à se refroidir un peu, » que tu lances en direction des trois filles. il y en a une tu reconnais, elle vient d'arriver dans le mungo. tu finis d'allumer la dernière bougie avant de demander « il faut que je rappelle les règles ? » et puis tu t'assois fièrement sur ton trône d'hérétique, fier de ton oeuvre.

Date d'inscription : 21/06/2017

22 avril, nuit tombée.

tu ne sais pas ce qui te prends. tu n'es pas ce genre de fille d'habitude. mais ce soir t'as décidé de te lancer. approcher des gens pour ne pas rester dans ton coin. quelle connerie. pourquoi ? parce qu'à présent tu te retrouves dans le bus mungo, devant trois autres personnes prête à jouer à ouija. tu n'as jamais voulu regarder ce film. toi ça t'effraie tout ce qui concerne l'horreur. pourtant, tu n'y crois pas. absolument pas. t'es conditionnée pour vivre dans le réel. le concret. pas pour rien que t'es étudiante en médecine. les esprits, très peu pour toi. mais ça t’intrigue. alors tu les as rejoins, d'un pas discret. assise tranquillement en tailleur, tu t'amuses nerveusement avec tes doigts. « vous devriez peut-être vous couvrir, la pièce a toujours tendance à se refroidir un peu » tu fronces les sourcils avant de te mordiller la lèvre. toi t'as pas pensé à prendre de veste. rien. ça ne va pas marcher, alors pourquoi s'équiper ? tes deux billes bleues naviguent sur les trois autres personnes. à ta droite se trouve le seul garçon du groupe. tu le reconnais. ce matin au petit déjeuner tu t'es permise de lui répondre avant de rougir comme une idiote. puis à ta gauche, une jeune femme inconnue à tes yeux. après tout, tu t'es jamais mêlée aux autres. pas étonnant que tu sois seule. « les vraies règles ou une autre de tes imaginations ? » ton regard plaqué sur lui, tu détournes les yeux, fuyante. t'essaies Nora. t'essaies d'être comme les autres mais t'es juste peut être ridicule.

Date d'inscription : 12/06/2017

t'avais de gros doutes quant à l'existence des démons que t'étais sur le point d'invoquer. tu te demandais s'ils étaient là, à attendre votre appel comme des loups. tu te demandais s'ils avaient des dents pointues, des ailes rouges, des petites cornes, ou si leurs yeux étaient noirs, si leurs têtes étaient difformes, s'ils se foutaient de vos gueules en regardant la planche et les bougies installées là. tu attendais patiemment, observais la flamme des bougies d'un oeil distrait, le menton posé dans la main. tu pensais aux spectres qui allaient vous hanter, ou aux ombres qui allaient vous tromper. tu pensais pas y croire vraiment, mais tu voulais voir si ça allait marcher. tu voulais rire un peu, t'espérais invoquer l'esprit d'un humoriste. l'organisateur de la session d'invocations te fais sortir de tes pensées. tu t'enroules dans une couverture qui traînait derrière toi et souris avec un air bête. « voilà, j'ai pas froid ! » tu reposes ton regard sur la planche de jeu, impatiente. tes pieds rythment une chanson qui résonne dans ta tête. « on peut inventer des règles, aussi. je pense pas que les fantômes vont nous en vouloir. » ils voletaient déjà au-dessus de leurs têtes, recouverts de draps blancs. ils criaient des ouh ouuuh silencieux pour leur faire peur.

Date d'inscription : 12/06/2017

les jambes en tailleur, tu te sens un peu à l'étroit, tu gigotes en observant les flammes tout autour de la table. la blonde ce matin a l'air nerveuse, tu le sens. elle a cet air pur et innocent qui te met automatiquement en mode destruction lorsque tu le remarques. t'es né pour faire des dégâts, c'est inévitable. t'aimerais bien savoir ce qu'elles en pensent toute les trois, du spiritisme. si comme toi elles se mordront l'intérieur de la joue tout au long de la soirée pour ne pas rire, si elles décideront d'arrêter la partie bien avant la fin de la nuit. « tiens, prends ça. » tu retires ton gilet et l'offre à la blonde aux sourcils froncés avant d'hocher la tête en voyant celle qui, en face de toi, s'enroule autour d'une couverture. t'étais sur le point de reprendre la parole avant qu'elle ne t'interrompe, la petite blonde nerveuse, tu vas bientôt finir par croire qu'elle n'est pas maître de sa bouche. ses mots parlent une langue et son corps en parle une autre. tu prends un air amusé et tu lances « les vraies, promis. quoique, si tu veux en inventer... » tu t'adresses à celle en face de toi, qui a l'air franchement enthousiaste et tu laisses ta phrase en suspens, haussant les épaules. « alors... on a donc une planche et sa goutte » tu montres le matériel du doigt tout en les regardant à tour de rôle. « sur la planche il y a l'alphabet, les chiffres de un à dix, les inscriptions "oui", "non" et "au revoir" mh... tout le monde doit mettre deux doigts sur la goutte. il y a un maître de séance mais tout le monde peut poser des questions. pour commencer, vous n'avez qu'à demander à l'esprit vos prénoms et noms de familles pour être sûres que personne ne triche. qu'est-ce que j'ai oublié ? il faut éviter de bouger la goutte trop loin, faut pas qu'elle sorte de la planche et faut pas oublier de fermer la séance à la fin. »

Date d'inscription : 21/06/2017

22 avril, nuit tombée.

tu les regardes à tour de rôle sans réussir à te poser. ils sont à l'aise, complètement. tu fais tâche comparé à eux. tu te maudis d'avoir ce caractère, tu te maudis d'avoir ce comportement. t'aimerais juste retourner dans tes livres, dans tes études. un endroit que tu maitrises. un endroit que tu contrôles. dans tes stages, tu es la première. rien ne t'arrêtes. tu surplombes tout le monde. t'es à l'aise, le sourire plaqué sur les lèvres, la voix douce et rassurante auprès des patients. mais en dehors, t'es nulle. ridicule. t'essaies mais à chaque fois ta langue parle bien trop vite. ton cerveau lâche avant que tu ne réfléchisses. stupide non ? oui. tu l'es. davantage quand tu vois l'autre jeune femme se couvrir avec une couette et toi...rien. « tiens, prends ça. » tu pivotes tes deux billes bleues vers le garçon. un sourire timide vient animer ton visage de poupon. mais cette fois-ci tes joues ne se colorent pas. une première victoire pour toi Nora. « merci mais..hm..et toi ? » parce que tu penses toujours aux autres. et s'il a froid ? tu t'en voudrais. pourtant, tu approches timidement ta main vers le gilet qu'il te tend et l'enfiles. puis vient le moment tant attendu. l'explication des règles. tu les connais, du moins tu penses. alors tu écoutes d'une oreille attentive sans rien dire. pas cette fois. pas encore. tu restes muette afin d'éviter une autre erreur. tu déposes délicatement deux doigts sur la fameuse goutte. « du coup..qui commence ? » tu n'as pas envie de débuter les questions. tu ne sais pas vraiment comment t'y prendre. alors tu attends, patiemment, un tendre sourire étirant tes lèvres rosées.

Date d'inscription : 12/06/2017

tu écoutes les règles attentivement, enroulée dans la couverture que tu t'es appropriée. tu sens tes cheveux devenir des poteaux électriques, tu sens les petites étincelles de l'électricité statique crépiter sur ton crâne. tu penses que c'est peut-être les esprits autour de vous qui s'en prennent à ta tête. tu fais tomber le bout de couverture qui te recouvrait jusqu'au front sur tes épaules. tes cheveux s'ébouriffent sur le haut de ta tête et te font étouffer un rire. tu dois avoir l'air folle, les fantômes s'amusent à te faire des tresses. la blonde à côté de toi te sembles nerveuse. t'as envie de la rassurer, tu poses une main sur son épaule et lui souris. « hey, t'inquiètes pas, ça va bien se passer, j'suis sûre » les fantômes étaient mal dépeints dans les films. les pauvres, ils devaient pas être très contents qu'on les représente comme ça. ils y en avaient qui étaient boulangers, peut-être, peintres, zoologistes, mécaniciens. ils n'étaient pas tous tueurs en série. doucement, tu poses toi aussi tes doigts sur la goutte. tu fais un grand sourire et gigotes sur place. « moi je veux bien commencer ! » tu te racles la gorge, prends un air serein et relâches tes épaules. « bonjour heu... monsieur ? ou madame la fantôme... à votre humble avis de fantôme, c'est quoi mon deuxième prénom ? » tu attends patiemment, la tête en l'air, les cheveux toujours en vrac. tu sens la goutte se mouvoir sous vos doigts et tu la regardes alors, les sourcils haussés.